Des photos de famille : les Moyon

Je mets ici quelques photos de cette branche de la famille se rattachant à notre grand-mère, Yvonne Blanchard, famille pour laquelle j’ai très peu d’informations. Il en est fait référence dans les lettres de papi, quand il parle des tantes.

La famille Moyon, à une époque indéterminée, peut-être y reconnaît-on certaines de ces tante?.

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Papi pilleur

Les guerres sont toujours des périodes où le droit est malmené. Le vainqueur s’approprie les biens du vaincu. Pour son enrichissement personnel, pour compenser, par vengeance ou simplement en souvenir… Papi n’a pas échappé à la chose puisqu’il raconte tout au long de sa campagne de France ce qu’il a pu glaner ici ou là. Cela va du papier pour sa correspondance aux vins d’Alsace ou de Champagne.

Son arrivée au nid d’aigle d’Hitler, à Bertchesgaden, est racontée dans cette lettre du 5 mai 1945. Il y liste tout ce qu’il a chapardé dans les pièces et les bureaux. Ces objets ont été éparpillés chez les uns et chez les autres, ou ont disparu.

En voici deux. Une porcelaine…

Et puis ce gros livre…

J’en mettrai plus tard quelques images plus précises.

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Tim Clifford

Il n’est pas de la famille, mais c’était un ami proche de Georges, qui a bien connu la famille à partir de 1942 à Safi, qui a croisé Georges pendant la campagne de France, en Alsace, en 1945. Il ont correspondu longtemps, Georges ayant même pensé s’installé aux États-Unis à un moment (cf. ses courriers). Il se sont retrouvés à Fréjus en 1991, sans doute leur dernière rencontre.

Je ne pensais rien écrire sur lui, et pourtant, en relisant sa dernière lettre, je me suis rendu compte que Paulette et Virginie était à cette rencontre. Gigi doit certainement s’en souvenir. Qu’elle n’hésite pas à compléter.

Georges et son ami Clifford en uniforme, Safi, 1943.

Quelques photos trouvées dans les papiers de papi., du mariage de Tim avec Fran (la seconde est annotée Voyage de noce, July 46, Laurentian Mountains, Canada.

La lettre, datée de 1991, en anglais, qui fait suite à cette rencontre à Fréjus, et où il est question d’une jeune Virginie (she is like an angel) qui a l’âge qu’avait Paulette en 1942. Virginie, tu es invitée chez eux, pour parfaire ton anglais, si c’est bien toi !

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Sa jeunesse

Roger a d’abord été scolarisé près de chez lui, à l’école publique de Sauzon, qui n’existe plus depuis longtemps. Il a passé son certificat d’étude au Palais, et a donc dû fréquenter le cours complémentaire (ou école primaire supérieure, comme on disait alors) du Palais jusqu’en 1935.

Le Palais, Roger, assis au centre, Charles, debout, troisième en partant de la droite. Au plus tard 1935.

Collégien

Il a passé le reste de sa scolarité comme interne, d’abord à Quimperlé jusqu’en 1940, puis comme normalien à Pontivy d’octobre 1941 à juin 1942, à Lannion de novembre 1942 à juin 1943, à Vannes, au collège Jules Simon, d’octobre 1943 à juin 1944 et même à Angers jusqu’en février 1945. Sa mère avait gardé les lettres qu’il leur écrivait. Elles sont sans grand intérêt, la seule révélation qu’elles nous proposent étant la relation étonnante de mon père avec l’orthographe. Il y est surtout question de notes, de nourriture qui manque ou de vêtements, et de questions sur ce qu’il se passe à Belle Ile. La première partie de cette période n’a sans doute pas été la plus heureuse de sa vie.

Il rentrait à Belle-Ile à Noël et pour les vacances d’été, passait quelquefois des week-end chez sa tante Jeanne, à Baud. Voici quelques unes de ces lettres :

Un courrier de Quimperlé, quand il était encore au collège. Difficile à dater, 1937 ou 1938. Son orthographe est pour le moins fantaisiste.

Normalien

Il est reçu au concours d’entrée à l’École normale de Vannes, mais la guerre et l’occupation perturberont sa scolarité. Les bâtiments de l’EN sont transformés en Komandantur par les forces d’occupation et les normaliens, internes, passeront par le lycée de Pontivy, le Collège de Lannion et le collège Jules Simon de Vannes.

Le livret scolaire du bac, où l’on perçoit les changements d’établissement.

Son dernier bulletin trimestriel, à Jules Simon, avec une appréciation positive.

Un petit cartel qui décrit sa promotion de normalien et qui présente les membres qui la composent.

Une lettre que je situerai en hiver 42, typique de celles qu’il écrivait à l’époque, la bouffe, la santé, les nouvelles de la famille.

Une carte, signée par Charlot et Roger.

Celle-ci est datée de mars 1943, de Lannion. Elle est intéressante parce que Roger y évoque lesquels de ses « biens » il faudra sauver si l’usine est bombardée par les anglo-américains : son vélo, son matériel de pêche, ses revues Signal et Pierrot, et sa longue vue. Il y avait un postée DCA à côté chez eux. A noter qu’il y a une remarque politique ce qui est rarissime dans ces lettres.

En octobre 1943, il annonce son retour à Sauzon avec des information sur une épreuve, qui pourrait être le baccalauréat, soit décalé, soit rattrapage. Le bac comptait deux parties à l’époque.

Enfin, ce curieux message, daté de décembre 44, où il annonce avoir eu son bac, ce qui correspond aux dates du diplôme. Il est alors à l’école normale d’Angers. Les normaliens basés à Vannes ont dû être déplacés la-bas, à cause de l’offensive américaine en Bretagne. La réponse de ses parents, datée de mai 45, fait référence à son départ pour le service militaire je pense, à lier avec ses photos de guerre.

Ecole Normale, promotion L’espérance.

Pour compléter ces courriers, il y a cette série de cartes postales, datée de juillet 1945, envoyées de Dinar. Elles racontent ce qui doit être un dernier stage pour les normaliens, et on peut les rapprocher de toute une série de photos faites par Roger, dont une entre autre où il pose devant le Mont-Saint-Michel.

C’est le récit d’un séjour avec les copains, le dernier avant sa vie d’adulte.

Le 12 juillet, départ pour le Mt-St Michel. La photo illustre la tenue dont il parle dans les cartes postales, elle est d’époque.

Soldat

Le 27 août, il écrit de Brest, ville dans un état lamentable. Sans doute est-il sur le point d’être enrôlé dans l’armée pour faire son service militaire.

Le 8 septembre, il est déjà en attente d’une permission, basé à Saint-Brieuc.

En novembre 1945, il envoie une série de cartes postales où il décrit, à l’intention de ses parents, sa vie de soldat en Allemagne occupée.

Dernières nouvelles de l’armée. Je ne pense pas qu’il ait fait cette école d’officier de réserve à Coëtquidan. La carte est datée d’aout 1946. En septembre il est instituteur, à Belle-Ile, où il obtient son CAP d’instituteur. A noter, sur la carte, les jardins de la place de la République, qui n’existent plus, remplacés par le métro et les bus.

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Quelques documents

D’abord, des « bondieuseries » typiquement bretonnes.

Le certificat de baptème de Roger. Il y en a un pour chacun dans la famille… Et puis une médaille de la sainte , avec pétales de rose, mais qui ont fini par disparaitre.

Et quelques cartels et autres attestations qui datent de l’occupation. Ça ne rigolait pas à l’époque !

Dessin trouvé soigneusement archivé dans une pochette plastique. A noter l’inversion des couleurs de la cocarde (habituellement étoile blanche sur fond bleu, avec un cercle rouge au milieu pour les USA)

Et une photo de sa maquette, était-ce le paquebot Lafayette? Peut-être, à cause de la cheminée solitaire.

En triant les cahiers de sa mère, Françoise a trouvé ce cahier de chants, cahier inachevé, qui s’arrête sur le texte « Opium ». Il est daté de novembre 1941 à … et c’est sans doute un cahier de normalien, les tampons faisant référence à sa promotion. Le dessin est méticuleux et assez peu poétique, très Roger.

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Codicille

C’est un texte que j’ai écrit en juin 2012, après une visite à Hyères. C’est un texte subjectif, comme tout ce que j’écris, mais qui va bien là., je crois

L’autre jour, à Hyères, je parlais de vieilles photos et là brusquement, ma mère a laissé percer une émotion rare. Lui sont revenus la douleur de la perte de sa soeur, le peu de cas qu’il a été fait de sa douleur à l’époque. Elle avait dix-neuf ans, à peine sortie de l’école normale, son père l’a faite rentrer à la maison, afin qu’elle prenne soin de sa mère, effondrée, de son petit frère, tout juste quatre ans. Pas de liberté, son autre soeur toujours en pension, personne ne lui a pris la main, personne ne l’a consolée.

Et puis ces trois années adolescentes, passées à l’internat, d’où l’on ne sortait qu’à Noël et pour les grandes vacances. Des dimanches en solitaire, à rêver aux amies retournées en famille. Et des détails, l’uniforme, peu seyant, le chapeau, remplacé par un bérêt qu’on pouvait glisser dans la poche, les rares sorties avec des amis de la famille… Voilà la raison de ces photos toutes prises à Rabat, loin de Safi la souriante. Moi, j’ai choisi une photo qu’on imagine colorée, la sortie des classes, joyeuse, arrogante.

Le souvenir qu’elle garde de son père, de mon grand-père ? Sa dureté surtout, la dureté de sa terre natale. Et malgré tout le sourire. C’est à Safi qu’elle a croisé mon père, qui la fera sortir de la prison familiale, jusqu’à la mener au mariage.

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