Codicille

C’est un texte que j’ai écrit en juin 2012, après une visite à Hyères. C’est un texte subjectif, comme tout ce que j’écris, mais qui va bien là., je crois

L’autre jour, à Hyères, je parlais de vieilles photos et là brusquement, ma mère a laissé percer une émotion rare. Lui sont revenus la douleur de la perte de sa soeur, le peu de cas qu’il a été fait de sa douleur à l’époque. Elle avait dix-neuf ans, à peine sortie de l’école normale, son père l’a faite rentrer à la maison, afin qu’elle prenne soin de sa mère, effondrée, de son petit frère, tout juste quatre ans. Pas de liberté, son autre soeur toujours en pension, personne ne lui a pris la main, personne ne l’a consolée.

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Et puis ces trois années adolescentes, passées à l’internat, d’où l’on ne sortait qu’à Noël et pour les grandes vacances. Des dimanches en solitaire, à rêver aux amies retournées en famille. Et des détails, l’uniforme, peu seyant, le chapeau, remplacé par un bérêt qu’on pouvait glisser dans la poche, les rares sorties avec des amis de la famille… Voilà la raison de ces photos toutes prises à Rabat, loin de Safi la souriante. Moi, j’ai choisi une photo qu’on imagine colorée, la sortie des classes, joyeuse, arrogante.

Le souvenir qu’elle garde de son père, de mon grand-père ? Sa dureté surtout, la dureté de sa terre natale. Et malgré tout le sourire. C’est à Safi qu’elle a croisé mon père, qui la fera sortir de la prison familiale, jusqu’à la mener au mariage.

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