Le petit doigt de Mamie

Tout le monde s’en souvient, de son auriculaire paralysé, recroquevillé comme un crochet. De la main gauche, elle tenait sa tasse de thé avec distinction, petit doigt en l’air. C’est arrivé en 1934, à une époque où les antibiotiques n’existaient pas. Une petite blessure au doigt, sans doute mal soignée, peut-être même passée inaperçue sur le moment en est à l’origine. Un phlegmon, infection du tendon, très douloureuse, et potentiellement mortelle.

Il en reste des courriers inquiets de la famille, en France, et de son mari, qui avait déjà perdu sa première femme six ans auparavant. C’est à cette époque-là qu’il a fait disparaître cette photo de Paulette, qui trônait sur sa table de nuit.

Il y a cette longue lettre de Papi écrite à sa femme encore hospitalisée. On y trouve des informations amusantes sur la pipelette qu’était notre grand-mère. Il lui donne également des nouvelles de ses deux petites filles, trois ans et deux ans, qu’il a gardées à Ifrane. Ça a dû être chaud !

Au dos de cette photo, il est juste écrit « Meknès le 8 avril, à ma sortie de l’hôpital ». Elle est entourée je pense de ses beaux-frères et de ses belles-soeurs.

Enfin, pour la petite histoire, une lettre de la maman d’Yvonne, Berthe Lacroix, soulagée d’apprendre la guérison de sa fille, et qui lui demande, puisqu’elle est guérie, de respecter la promesse qu’elle avait faite, à savoir se rendre en pèlerinage à Lourdes, pour remercier la Sainte Vierge. À savoir si cela a été fait ? Papi dit dans sa lettre qu’il respectera dorénavant les croyances de sa femme. C’est bien d’un instituteur laïc de la troisième république que cette remarque ! Il a dû y avoir de sacrées discussions dans la famille avant !

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