Charles Miroux était mon arrière-grand-père, je ne l’ai pas connu.
L’usine Amieux (en blanc au centre). Document publicitaire Amieux, années 1920.
Il a dirigé la conserverie Amieux de Saint-Guénolé de 1900 à 1924, avant de laisser la place à son gendre Henri Le Berre, qui rejoindra l’usine de Sauzon plus tard. Tout cela est raconté dans le récit d’Anne et Joseph Gallard. C’était un notable local. Il a été Président du Comité de Sauvetage local de 1914 à 1920. On trouve sa signature sur des compte-rendus d’intervention de l’époque, comme ici..
Outre la direction de cette conserverie, il construira également un hôtel, l’hôtel du Phare d’Eckmul. Malheureusement, les occupants allemands y établirent leur Feldkommandantur en 1940. Les bâtiments sensibles, dont le phare sont minés par les forces d’occupation après le débarquement de Normandie. Lors de la débâcle, seul l’hôtel sera détruit. Dommage.
Mais le plus amusant est dans cette anecdote que j’ignorais. Il y avait chez les Bretons d’alors une forte propension à l’anticléricalisme, quand ils n’étaient pas calotins. J’ai trouvé une anecdote amusante. L’affaire est apportée par le recteur de Penmarc’h, François-Marie Le Coz qui nous raconte ce terrible fait divers, à travers ses Éphémérides de la Paroisse de Penmarc’h. :
28 juin 1905 — Madame Frökhen, femme de conduite scandaleuse, meurt dans de tristes circonstances sans que le prêtre soit appelé. C’est une pécheresse publique. Mr le Recteur refuse les honneurs d’une sépulture religieuse et l’immense majorité de la population l’applaudit.
29 juin — Profitant de l’absence du Clergé, occupé au Pardon de Saint-Pierre-Eckmühl, quelques meneurs font entrer le cadavre à l’église. Monseigneur l’Évêque ordonne des prières publiques pour réparer la profanation de l’Église.
Là où je m’amuse, c’est lorsque je lis les noms des meneurs : Lautrédou, instituteur ; Guiziou, ancien maire ; Poirier, maire ; Volant, courrier ; Toulemont, fils du maire de Loctudy ; Miroux, gérant de l’usine Amieux… et d’autres personnes de mœurs douteuses.
Pour résumer, cette dame, propriétaire d’une usine à Saint-Guénolé, a été assassinée par son amant ainsi que le raconte cet article d’un journal local.
Pour l’anecdote, cette histoire se déroule en 1905, au moment de la séparation de l’Église et de l’État, et la chronique qu’en fait ce curé vaut son pesant de cacahuettes !
D’une très mauvaise qualité pour la plupart, car je n’ai pas eu accès aux originaux, mais à des photos ou des photocopies de magazines.
1881, Charles Miroux à Sfax (Tunisie)1890, Charles Miroux et sa famille, à Olhoa, PortugalCharles Miroux, 1910, St-GuénoléAu environ de 1818, les soeurs Miroux et les cousines Cloarec1910, la famille Miroux, à gauche Blanche, à droite Jeanne.
La première épouse de papi avait une famille. Mon idée, essayer de retrouver des descendant de cette famille, peut-être auraient-ils conservé des photos du mariage de papi.
À ce jour, j’ai quelques informations mais toujours pas de photo.`
Le père de Céline Roche est Jean Louis Daniel Roche, né le 29 février 1868 à Vernosc, instituteur, décédé à Valence en 1955.
Il a épousé en 1897 en première noce Céline Boisson, jeune veuve, à l’origine institutrice, puis « propriétaire » à 23 ans, après le décès de son premier mari.
Il épouse en seconde noce le 24 février 1904 à Vernon Charlotte Reine Chavanon, elle-même née à Paris (XIIIe) le 24 octobre 1885, elle aussi institutrice, décédée le 9 décembre 1913.
Céline Roche, née en août 1905 est donc leur fille ainée et, à huit ans, elle est orpheline de mère.
Il existe également un document, le recensement de 1911 à Gluiras, en Ardèche.
Sur celui-ci on peut lire qu’il y a dans la famille la mère, un fils ainé, Maurice Roche, né en 1901, et deux autres enfants, Paule Roche, née en 1905 (Céline Roche) et Georgette Roche, née en 1908, tous les deux à Gluiras, ainsi qu’une domestique.
Georgette s’est mariée en 1932 à Gluiras avec un sieur Marcel Vinard et est décédée en 1990 à Valence. On la retrouve ensuite dans les recensement de cette ville. Maurice, né en 1901, est un demi-frère de Céline, sa mère s’appelant Céline Évelina Boisson.
Ce que je retire de cela, c’est la curieuse habitude de donner le nom de son épouse décédée à la première fille de sa nouvelle épouse. Contrairement à Paulette Blanchard, Céline Roche avait dès 1911 abandonné le prénom de sa belle-mère décédée.
En 1959 la famille Blanchard quitte Safi pour Hyères. Pendant ces deux années, une correspondance entre Paulette et ses parents se met en place. Elle nous permet d’avoir des informations (ragots?) sur la vie au Maroc, et aussi sur la démarche qui nous a fait arriver dans le Var plutôt que dans le Morbihan ou la région parisienne.
L’autre intérêt de ces courriers, c’est qu’ils viennent partiellement combler le vide de 1959 dans les courriers à la famille de Roger.
Le 27 septembre 1959, c’est le premier courrier de la série. Les Blanchard et fils sont installés à Hyères, la famille revient à Safi. On a deux mots du voyage, de la situation à Safi, des ragots sur les uns et les autres et quelques informations sur le remplaçant de papi.
Le 25 octobre, c’est le seul courrier où Roger attaque et prend toute la place. Il faut dire qu’il a beaucoup à raconter sur le remplacement de Papi au collège, qui simple balancer entre l’incompétence et le népotisme. Sinon, Guy est très beau, Michel et Alain bien fatigués.
Le 25 décembre, il est question du premier anniversaire de Guy, qui se tient beaucoup mieux, et la santé d’Alain et de son père, pas trop vaillants. Il y a aussi plein de petites histoire, un M Bégou qui a quitté sa femme, un M Etchevery qui fait la nouba toute la nuit, les deux directeurs qui ne jouent plus aux boules ensemble…
Le 10 janvier 1960, les trois enfants sont malades, jouent à qui toussera le plus, Paulette commence son périple administratif qui lui permettra de rentrer en France, et toujours des petits ragots.
Le 7 mars, un courrier qui renvoie au tremblement de terre d’Agadir, qui donne des informations sur une amie d’Yvonne, décédée pendant le séisme, dont il était question il y a quelques mois (Mme Rizzo).
Le 22 mars, les enfants commencent à aller mieux, les ragots continuent et la caravane fait son apparition dans la conversation. Roger avait parlé de roulotte, il y a quelques mois.
Le 31 mars, un court message pour préparer la visite des Blanchard à Safi. Il est question encore de la caravane.
Le 19 juin 1960, où il est question de la santé des enfants, des notes de Michel, de Roger en vacances dès le 1er juin, et d’une inconsciente qui a voulu nettoyer un pantalon à l’essence.
Le 2 octobre, on est rentré de vacances, et toujours des ragots, c’est la suite des aventures conjugales de ce M Etchevery. Des dysfonctionnement au collège et ailleurs, comme d’habitude, des travaux, des départs…
Le 12 novembre, où on apprend que Michel n’a plus de maîtresse, que Paulette est devenue directrice, qu’il manque des instituteurs en primaire et qu’on a attribué à Roger dix d’heures d’enseignement de la couture !
Le 14 novembre 1960, des ragots, sur une collègue, sur le directeur de l’école primaire, sur l’absence de professeur pour Michel, je me souviens vaguement de tout cela.
Le 4 décembre, on prépare Noël, le climat à l’école n’est pas bon, entre malades et gestion erratiques, et également, apparition de Mme Ruelle, sans doute la personne dont parlait Papi dans ses lettres de la campagne de France.
Le 18 décembre, il a fait froid, presqu’autant qu’en France, neige en plaine, pluie, grisaille. Toujours des ragots, des petites histoires. Et le détail des cadeaux de Noël des enfants, ainsi qu’une demande de coup de pouce…
L’an 1961 commence par un courrier de voeux. On y pêche quelques informations sur la façon dont le réveillon s’est passé, sur une sortie à la neige dont je me souviens, mais surtout sur les cadeaux de Noël des enfants. Alain, dors-tu toujours avec un vélo au pied du lit?
Le 15 janvier 1961, toujours le froid, quelques mots sur son trentième anniversaire, elle vieillit ! Et Lulu qui est enceinte. Espérons que ce soit un garçon, cette fois-ci!
Le 27 janvier, la décision est enfin prise, le processus de rapatriement peut commencer, Roger se préoccupant des aspects administratifs, Paulette de questions plus terre à terre.
Le 9 février, c’est officiel, la demande de rappatriement est faite, ce sera, sans surprise aujourd’hui le Var, mais on a quand même frôlé la région parisienne… Alain fait du vélo, Guy est toujours grognon. Quant à Michel, il n’a aucun souvenir des marionnettes de M. Butty !
Le 18 février, peu de choses, anniversaire de Papi, Ramadan, Mardi-Gras…
Le 9 mars, la sècheresse au Maroc, la mort de Mohamed V, le stylo qui ne fonctionne plus…
Le 16 mars, lorsque Roger écrit à la machine, c’est qu’il est question de papiers administratifs. Paulette parle layette, pas pour elle bien sûr, et Lulu déprime…
Le 9 avril, il est question d’achat de tapis, essentiellement, de marmoucha et autres types, de marchandage. Les enfants, Michel et Alain qui jouent dehors avec les voisines.
Le 26 avril, une lettre fourre tout, la Seine et Oise, toujours, les gens qui partent, l’inspecteur, quelle cloche celui-là ! et puis les projets, les vacances, etc…
Le 22 mai, des infos administratives, il y avait joint les postes demandés, de Hyères à La Seyne en passant par Toulon – ce sera Cuers, on le sait aujourd’hui- et puis des ragots, le fameux Etchevery, un chaud lapin, qui a viré sa bonne, mais a toujours ses deux petites femmes de nuit, une juive, une arabe (sic)…
Le 1er juin, c’est la folie, le Var, c’est bon ! Sinon, un aperçu du bazar que peut être l’administration française à l’étranger à l’époque, les papiers qui disparaissent, ceux qui reçoivent une paye indue, ceux qui ne savent pas qui a reçu leur salaire… Et puis toujours M. Etchevery, sa sciatique, ses petites amies…
Mariage célébré dans la plus stricte intimité, cf. le faire part, la famille est encore en deuil un an après de décès de Jacqueline.
Il y a la photo officielle, un peu figée, et quelques photos avec la famille.
Il y a également le voyage de noce, et cette lettre que paulette a écrit à ses parents, avec un mot de Roger. La première d’une série de courriers, tous écrits à quatre de mains..
Quelques photos du voyage de Noce…
Et quelques images du jeune couple dans son premier logement.
Et plus étonnant, cette lettre de Paulette à ses parents, écrite de Belle-Ile, où elle fait un portrait de ses premiers jours dans la famille Le Berre. Elle y attend ses parents. Roger y griffonne aussi un mot, deuxième courrier à quatre mains…